jeudi 1 décembre 2011

A la Recherche du Temps Perdu : Moelleux au Chocolat, Coeur fondant aux Carambars...

A la Recherche du Temps Perdu, Proust. ( Si tu es vraiment trop Gourmand ou trop Affamé, rien ne t'empêche de ne lire que la recette, ci-dessous !!! ;) )
" Il y avait bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle? Que signifiait-elle? Où l’appréhender? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. Il l’y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins en moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter et que je veux au moins pouvoir lui redemander et retrouver intact, à ma disposition, tout à l’heure, pour un éclaircissement décisif. Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité; Mais comment? Grave incertitude, toutes les fois que l’esprit se sent dépassé par lui-même; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher? pas seulement: créer. Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière.
    Et je recommence à me demander quel pouvait être cet état inconnu, qui n’apportait aucune preuve logique, mais l’évidence, de sa félicité, de sa réalité devant laquelle les autres s’évanouissaient. Je veux essayer de le faire réapparaître. Je rétrograde par la pensée au moment où je pris la première cuillerée de thé. Je retrouve le même état, sans une clarté nouvelle. Je demande à mon esprit un effort de plus, de ramener encore une fois la sensation qui s’enfuit. Et pour que rien ne brise l’élan dont il va tâcher de la resssaisir, j’écarte tout obstacle, toute idée étrangère, j’abrite mes oreilles et mon attention contre les bruits de la chambre voisine. Mais sentant mon esprit qui se fatigue sans réussir, je le force au contraire à prendre cette distraction que je lui refusais, à penser à autre chose, à se refaire, avant une tentative suprême. Puis une deuxième fois, je fais le vide devant lui, je remets en face de lui la saveur encore récente de cette première gorgée et je sens tressaillir en moi quelque chose qui se déplace, voudrait s’élever, quelque chose qu’on aurait désancré, à une grande profondeur ; je ne sais ce que c’est, mais cela monte lentement; j’éprouve la résistance et j’entends la rumeur des distances traversées.
    Certes, ce qui palpite ainsi au fond de moi, ce doit être l'image, le souvenir visuel, qui, lié à cette saveur, tente de la suivre jusqu'à moi. Mais il se débat trop loin, trop confusément; à peine si je perçois le reflet neutre où se confond l'insaisissable tourbillon des couleurs remuées ; mais je ne peux distinguer la forme, lui demander, comme au seul interprète possible, de me traduire le témoignage de sa contemporaine, de son inséparable compagne, la saveur, lui demander de m'apprendre de quelle circonstance particulière, de quelle époque du passé il s'agit.
    Arrivera-t-il jusqu'à la surface de ma claire conscience, ce souvenir, l'instant ancien que l'attraction d'un instant identique est venue de si loin solliciter, émouvoir, soulever tout au fond de moi? Je ne sais. Maintenant je ne sens plus rien, il est arrêté, redescendu peut-être; qui sait s'il remontera jamais de sa nuit? Dix fois il me faut recommencer, me pencher vers lui. Et chaque fois la lâcheté qui nous détourne de toute tâche difficile, de toute œuvre importante, m'a conseillé de laisser cela, de boire mon thé en pensant simplement à mes ennuis d'aujourd'hui, à mes désirs de demain qui se laissent remâcher sans peine.
    Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul."



Point de madeleine pour moi aujourd'hui, juste un repas chez mes grands - parents, avec mes cousins, un peu comme pendant notre enfance, enfin pas tout à fait... Une absence...
Le besoin de retrouver des moments passés...

Ainsi, la régression a eu lieu, jusqu'à nos assiettes : autour de Moelleux au Chocolat au Coeur fondant de Carambars...



En voici la recette !
Pour 6 moelleux, il te faut :
- 6 oeufs
- 180 grammes de chocolat
- 180 grammes de beurre
- 220 grammes de sucre
- 75 grammes de farine tamisée
- 3 cuillères à soupe de crème liquide
- 6 Carambars

- Préchauffer le four à 170 degrés.
- Faire fondre le chocolat et le beurre au bain-marie. Pendant ce temps, faire blanchir les oeufs avec le sucre.
- Mélanger le chocolat fondu avec les oeufs battus puis ajouter la farine.
- Faire fondre les Carambars dans la crème liquide.

- Remplir au 3/4 des ramequins beurrés avec la préparation au chocolat. Ajouter une cuillère à soupe de crème au Carambars. Mettre le reste de la préparation au chocolat au dessus.

- Faire cuire 15 minutes

& les dévorer chauds ou tièdes !!!


& vous, quelle est votre "madeleine de Proust" ?

6 commentaires:

  1. Proust! ça fait plaisir de relire ces quelques lignes au petit déjeuner ;-) je crois que La Recherche c'est un peu le summum de la littérature pour moi, sympa ton article ;-) et alors le moelleux choco-carambar je dis OUI !! nous aussi on a notre madeleine : pain perdu à la cassonade et à la cannelle (miammm) simple mais trop bon !

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  2. Je mettrais encore plus de Carambar !! Nous avons essayé plusieurs fois la tarte aux Carambar, c'est une tuerie également !!

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  3. J'avoue! J'ai été trop curieuse, j'ai tout de suite scrollé pour arriver à la recette! Rolala tes moelleux, c'est une tuerie! Ils ont l'air juste trop délicieux!

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  4. Hummm, très belle recette qui met l'eau à la bouche! :-)

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  5. Merci pour vos commentaires !!! :)
    Bouuhhhhhh à celle qui a scrollé direct à la recette !!! ( Elle se reconnaitra !!! ;) )

    Alice : tu as bien raison, le pain perdu c'est bidon, mais c'est trop bon... Je sais pas si tu as déjà tenté de remplacer le lait par du lait de coco : une variante bien sympatique ! :)

    Au plaisir de vous recevoir sur mon blog chères Lectrices Gourmandes...

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